3 performances sonores étaient présentées vendredi soir dernier au Cercle.
D’abord Magali Babin

Une excellente performance, qui a charmé mes oreilles par la poésie évocatrice des sons et du langage. Son processus demeure empreint de mystère, puisque je ne connaîs pas la manière dont elle parvient à produire sa musique. Un aquarium, deux walkmans, un couvercle de chaudron, de l’eau, un micro (ou plus), une console… Et nous voilà en pleine mer, au milieu d’un fleuve d’étoiles, avec le chant des baleines, des épaves, un amour au loin, le ciel nocturne au-dessus de nos têtes…. J’étais partagée entre le désir de fermer les yeux pour mieux imaginer l’univers évoqué par la caresse des mains dans l’eau, et le besoin de regarder Magali Babin manipuler avec une précision délicate et tendre ses instruments non conventionnels!
Ensuite, Yuko Oyama Jeudy
Une performance de la parole, de la voix poétique. Une présence très forte, en toute simplicité: la poète, un bol d’eau en cuivre, deux micros. Un texte en trois langues, une voix tantôt fragile, tantôt affirmée, bercée par les bruits tous simples de l’eau qui coule, qui résonne dans le bassin… Identité de l’eau force l’écoute de la beauté du texte et de la sonorité du langage. Que ce soit en anglais, en français ou en japonais, la langue est belle, poétique, sonore. Personnage fragile, devant nous, qui nous captive par sa présence singulière et son regard intense. Très beau moment!
Enfin, Diane Landy a performé Les déchiqueteuses
J’avais déjà vu à quelques reprises le travail de Diane Landry, en installation. En performance c’était la première fois, et je dois dire que j’ai apprécié. Sa présence ajoute un certain humour très british à son oeuvre… Elle garde un visage neutre, concentré, affairé à une tâche qui pourrait être celle d’un ouvrier dans une usine, pressé par le temps et le rythme effréné de la production semi-automatisée. Une grande tension dans l’oeuvre survient, induite par la vitesse des déchiqueteuses, le froissement des papiers, et le volume sonore croissant. Au fur et à mesure que les déchiqueteuses prennent de la vitesse, le niveau sonore augmente, des couches sonores se superposent… Je n’ai pas pu distinguer avec certitude si des sources autres que le bruit des déchiqueteuses étaient ajoutées, mais j’ai cru entendre des sirènes d’ambulance, des vrombissement d’avion… illusions? mystère! L’humour naît du contraste entre le sérieux avec lequel Diane Landry manipule ses machines et l’absurdité de la tâche, et aussi à cause des dessins qui se déchiquetaient pendant la performance: échelles, outils, balles, perceuses, vis, etc, icônes simples dont la présence connotaient la musique des machine en forçant le cerveau à imaginer que les sons perçus étaient d’une nature différentes que ceux produits…
Après les prestations toutes en nuances de ses collègues, la performance de Diane Landry terminait en force et en caractère cette fort belle soirée. J’ai confiance que ce passage d’Avatar au Printemps des poètes est loin d’être le dernier!