Instants, la suite

Questionnement à la suite des visionnements de jeudi dernier…

image tirée de la vidéo
Échappée

Dans la sélection d’oeuvre récentes vues la semaine dernière, très peu de manipulation sonore, très peu de montage, le contenu à l’avant-plan, la performance de l’artiste mise en image…

Mon propre travail est à l’antithèse de ce que j’ai vu. Je travaille l’audio comme une matière organique, inhérente à la vidéo, puisqu’elles sont inscrites sur la même matière, le ruban (en voie de disparition…. mais encore existant). Je manipule énormément mes images, je les triture, je les plastifie, compose, recolle, explose… elles perdent leur lien premier avec la nature filmée, avec le réel – je peint en vidéo, je compose une musique poétique avec la matière enregistrée.

Mais le contenu est difficile à saisir, puisqu’il en est un d’impression, de contemplation poétique; un contenu qui tient plus de l’état d’être, de l’acte de regarder et d’écouter… Je ne cherche pas à dire quelque chose, passer un message, je cherche à amener l’autre à percevoir le monde autrement, avec une sensibilité centré sur les émotions et la perception, sur le détail plutôt que sur l’ensemble. Sans liens de causes à effets, et souvent sans langage.

Pour un spectateur habitué à une structure narrative traditionnelle, ou qui cherche à comprendre un sens logique, ou textuel à mon oeuvre, il n’y a rien d’intéressant là. Rien à comprendre, rien à en tirer: du vide.

Ma démarche est trop esthétique. Trop? Pas assez? Je cherche. Je doute, constamment. En même temps, je n’ai pas de désir de fiction vidéographique, pas tellement. Je me rangerais avec les poètes de l’image et du son, surtout en cette journée de la poésie.

Qu’est-ce que j’exprime, à travers mon oeuvre? Fascination, contemplation, fabrication de sens à partir de perceptions individuelles…

Et puis cette facture, souvent « amateur », ou intimiste, en tout cas définitivement hors des canons de précision ultraréalistes de la télé ou du document actuel… Charme du flou, de l’accroc dans le tournage, moments volés à la vie réelle, ce que ma caméra document à prime abord n’est pas construit, c’est la nature brute, la vie telle qu’elle est au moment où je la capte. C’est après, dans l’écriture du montage, des couleurs, de temps, du sons, que la déformation a lieu, la véritable création. Pour moi, le plaisir de créer se trouve là, dans la magie de voir se révéler une forme nouvelle cachée dans le réalisme apparent que la caméra a capté. Lumière, je peins, j’écris avec de la lumière colorée, avec des ondes sonores et lumineuses, je compose avec mon coeur qui bat.

Mais pour le spectateur qui reçoit le film proposé… Je ne sais pas. Peut-être est-il comme moi touché par la beauté de certaines images? Fasciné par le déroulement dans le temps de ces images qui se transforment constamment? Mais frustré, par la recherche de sens, par l’impression qu’il lui manque une clé, par le manque de langage…

Donc, des mots, peut-être, dans la prochaine oeuvre…

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