Quelques réflexions à la suite du 5 à 7 d’hier…
10 vidéo récents réalisés par des femmes, d’un peu partout dans le monde étaient présentés, dans un programme choisi par Marc Mercier des Instants Vidéos numériques et poétiques.
Ma première constatation, c’est que le traitement sonore des oeuvres présentées hier est très minimal. Le silence, le son direct, peu manipulé, peu de voix… La prise de parole se fait dans le texte, le mot écrit à l’écran, dans le geste performatif, mais pas par le son.
Real Snow White de Pilvi Takala ouvrait avec brio la soirée. Un document qui questionne avec simplicité mais efficacité la réalité des personnages, dans un sens très concret. Le déguisement, anodin chez les enfants, devient dangereux, subversif lorsque porté par un adulte… Un caméra à la cinéma direct, simple témoin des événements. Un montage simple, sans commentaires, sans musique, à peine quelques ellipses: la place est laissée entièrement au sujet.
Taste, de Maarit Murka en a choqué quelques unes. Quant à moi, je l’ai trouvé superbe. Encore une fois, pratiquement pas de montage, le temps est linéaire, le son minimal, le sujet est à l’avant-plan. La relation entre le médium et l’artiste, la représentation et son sujet, la transformation qui s’opère simultanément sur l’un et l’autre au fil d’une relation intense, physique… Les gros plan sur la langue, la toile et la peinture humide accentuent le ressenti du spectateur: je goûtais la peinture, je sentais la rugosité de la toile sous ma langue, la viscosité de la peinture. La transformation du portrait réaliste en tableau organique marque l’artiste physiquement, elle ressemble à son portait après que le portrait lui ait ressemblé… Bref, très efficace et porteur de sens pour moi.
A Silent Conversation in Dubaï de Laila Masri et Anabelle Bodington
Vidéo performance, qui roule en boucle en principe. Identité, voiles, cacher/révéler… Encore une fois, silence, une seule intervention au montage: l’action est inversée, en continu. Cette inversion temporelle altère le réalisme des différents voiles, qui perdent leur relation à la gravité et prennent une valeur de symbole. Comme les gestes de la performeuse sont réguliers et répétitifs, très fluides, il en résulte une oeuvre formellement bien réussie, et porteuse de sens. En effet, la couleur, la transparence, la longueur et la « préciosité » relatives des différents voiles sont exacerbés, chacun devenant un indice de sens. Mais lequel? La relation entre identité et textile me questionne. Il n’en demeure pas moins que l’habit qualifie celui qui le porte…
Billet à suivre…