Les enquêtes du juge Ti

Ah! quelles petites enquêtes savoureuses!

Chine du VIIe siècle, tribunal devant public, juge qui tien lieu d’enquêteur, d’avocat, de représentant de la Justice Divine Impériale… Exotisme temporel et géographique! L’auteur dit s’être inspiré d’un personnage historique, et avoir puisé dans la littérature policière de la chine ancienne pour lui trouver des énigmes difficiles à résoudre. Chaque chapitre apporte sa nouvelle énigme, donc on entre dans ce roman comme dans un recueil de nouvelles: on respire à chaque chapitre, on peut poser le livre et y revenir plus tard, sans craindre de perdre le fil ou le souffle.

Il y a un équilibre entre ce personnage de détective très « Sherlockien » et la culture chinoise qui l’entoure et qui l’a forgé. Présence d’esprit, déductions logiques, maître des physionomies, amateur de thé (Jeunes Pousses duveteuses) et de poésie: Holmes! Il a même son Watson (ou plutôt, ses Watson): Hong, un serviteur qui le suit depuis l’enfance et qui est devenu sergent pour travailler avec lui, et trois compères qui lui sont entièrement dévoués: deux bandits réformés et un ancien soldat (Tao Gan, Ma Jong et Tsiao Taï). Très Chine: bien qu’adepte de Confucius, il connaît bien le taoïsme et le bouddhisme, et sa connaissance des philosophes l’aide è résoudre diverses énigmes, lesquelles impliquent des moines, ou des notables, ou des veuves. Un idéogramme tracé par un lettré, une page de livre calcinée, un poème sont autant d’indices majeurs, une clé potentielle non négligeable dans la découverte d’un coupable. Par exemple, celui-ci,  accroché dans une pièce où Ti interroge un suspect:

« Illusionné, un bouddha est un être sensible;
Éveillé, un être sensible est un bouddha;
Ignorant, un bouddha est un être sensible;
Avec la sagesse, un être sensible est un bouddha. »

Sa vie de famille influence aussi ses décisions, en lui donnant une clairvoyance que d’autres n’auraient pas. Trois épouses, deux fils et une fille, une maison attenante à la cour de justice. Mais il prend sa tâche à coeur. Comme pour lui, « le juge doit être le père et la mère de tous », il pèse chaque décision en pensant d’abord au bien commun du district dont il a la charge. Au fil des affaires, la société chinoise du moyen-âge se dévoile, de l’insignifiant batelier qui s’incline en se frappant le front au sol devant le juge, jusqu’au Censeur impérial qui se dévoile en ne déplaçant pas les bols dans lesquels il mange! Affaires de succession, d’adultère, de meurtre, toutes se suivent avec humour et bienveillance.

Un livre qui se déguste avec légèreté, en buvant un wulong avec des galettes de riz, ou alors avec quelques tranches de melon d’eau… (À moins qu’un braconnier de grenouilles ne tente de passer les portes de la ville en camouflant quelques spécimens dans le ventre de votre pastèque, ça devrait être sans danger…)

Qui est Zhu Xiao Di?

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