
D’abord séduite par le titre, je l’avoue (je n’ai pas le don des titres, moi!), j’ai lu le recueil avec un certain plaisir. Je n’avais lu que Blade Runner (version texte), après avoir vu le film de Ridley Scott. À la lecture de ces courtes nouvelles, j’ai des images plein la tête! L’écriture de Dick est très visuelle, chaque nouvelle est comme un film…
J’aime bien cette SF, qui est un plaisir de découvrir des possibles, sans que la chose devienne la chronique d’un réel annoncé et présenté comme probable. D’ailleurs, une des nouvelles du recueil a justement pour motif (ironique) le voyage vers le passé de savant du 21e siècle afin de capturer un soi-disant prescient (un auteur de science fiction) pour lui faire écrire la formule qui leur permettra de voyage dans une autre galaxie…
De la SF qui n’est que cela: un voyage imaginaire… Ce roi des elfes, c’est un humain, pompiste sur le bord de la retraite, qui par un beau soir d’orage, au bord de l’autoroute détrempée, commet un geste de conte de fée: la bonté, l’accueil de l’autre. Pauvre lui, c’est le début de la fin!
Outre ces deux nouvelles plutôt rigolotes (un ton ironique, une écriture visuelle, qui fait passer l’absurde pour la norme), il y a aussi des nouvelles plus sombres, où l’homme (pas la femme, elle n’a pas un très grand rôle, la pauvre, dans ces récits d’une autre ère, elle figure, ou hystérise, ou cause la perte du héros, mais n’agit pas) est confronté à des sociétés technocratiques contre lesquelles il ne peut rien. Tantôt, c’est l’histoire d’un solitaire voué transmettre des émissions vers les stations orbitales, puis l’histoire d’un travailleur ordinaire, qui gagne la chance d’étudier à l’université, mais se fait tendre un piège.
Les pistes technologiques sont parfois fausses (un journal qu’on doit imprimer pour lire, malgré un cerveau central informatique qui cumule les données de partout à la fois), mais elles ont un relent de nostalgie sympathique… comme quand on regarde un bon vieux film!